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— 275 - si courte, celte appréhension porpétiicllo de sa fin constituent un des principaux charmes de la poésie erotique de Ronsard. Je le préfère dans ces moments de tristesse, et j'admire plus ses soupirs élégiaques que ses accents de triomphe et de bonheur.

Si Ronsard imite la forme, le tour extérieur des vers de Pétrarque, on peut dire, dans une certaine mesure, que Victor Hugo, en a imilé la partie idéale; non pas qu'il ait su créer un type qui puisse prendre place à côté de celui de Laure, mais parce qu'il envisage surtout dans l'amour le côté divin, et qu'il s'attache plus à l'union des âmes qu'à celle des corps. Il diffère, à cet égard, des poètes, ses contemporains, de Lamartine, qui, par- fois, n'a été que le disciple d'Ovide et de Tibullc, et qui aimait à la façon de Ronsard, ou de Musset, disciple de Byron, qui, élevant l'amour à la hauteur du sacerdoce, a imaginé le type bizarre de Don Juan ; il est, avant tout, épris de l'amour intime et caché. Il dira , s'adressant précisément à Pé- trarque :

Quand je sens ma pensée, ô chaste amant de Laure, Loin du souffle glace du vulgaire moqueur Eclore, feuille à feuille, au plus profond du cœur, Je prends Ion livre saint (piim feu célesle embrase. Où, si souvent, murmure, à côté de l'extase,

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