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Cependant, peu h pou sa douleur se calme; il ou- blie celle qu'il pleurait, et linit par la remplacer. C'est en vain qu'il dit de bonne foi cà son ami Pel- letier :

Le temps léger s'enfuit

Je change jour et nuict de poil et de jeunesse Mais je ne change pas l'amour d'une maistrcsse.

Il devient inconstant; il le confesse lui-même ou- vertement. Accablé d'idées sombres, n'ayant pas la force de les supporter, il cherche à s'étourdir par un enivrement passager.

C Mais ce qui fait le grand, le principal charme de la poésie erotique de Ronsard, c'est la teinte de vague mélancolie qu'il a répandue si sou- vent dans ses vers. La pensée de la mort est toujours présente à son esprit/ et c'est souvent au milieu des fêtes, dans les transports de la volupté, qu'il voit, comme Balthasar pendant le festin, un ari^êt fatal se dresser devant lui Ngl entend une voix qui lui rappelle la dure né- cessité de quitter ce monde. C'est à cette pen- sée, si commune pourtant chez Horace et tant d'autres, qu'il doit ses meilleures, ses plus tou- chantes inspirations. C'est sous son influence que Ronsard a composé la célèbre odelette : Mignonne,