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n'est pas éthérép^il n'en considère pas lés objets comme^ippaitenant à une nature supérieure à la sienne^! est plus épris de leur beauté physique que de leur valeur morale/(exceplé pour Hélène, qu'il n'aima que dans sa vieillesse et d'une affection désintéressée) ; il se complaît dans la description de leurs charmes, et je connais mieux la couleur de leurs yeux ou de leur clieveux que les qualités de leur esjjrit.^1 semble qu'il considère l'amour ter- restre comme le bonheur suprême. Nul n'en a mieux connu et mieux exprimé les transports : \

Amour, amour ! que ma maislresse est belle !

Je citerai comme modèle de ce genre, les stances: Quand an temple nous serons, Je veux Muses, aux brauxyeux (Odes, liv. \). Il Sciit également dépein- dre à merveille les tourments qu'il endure. Ce ma- drigal, empreint d'un sentiment déjà tout mo- derne, en est une preuve éclatante :

Si c'est aimer, madame, et de jour et de nuict, Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire, Oublier toute chose et ne vouloir rien faire Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit ; Si c'est aimer de suivre un bonheur qui me fuit , De me perdre moi-mesme et d'estre solitaire. Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire, Pleurer, crier merci et m'en voir éconduit ;