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ploie souvent, le sonnet, par ses comparaisons et ses métaphores, Ronsard n'a pas pourtant, comme lui, idéalisé l'amour. Il participe en cela à la toiii-- nure générale de l'esprit de son temps. Pétrarque appartient encore complètement au moyen âge, époque où la femme est, pour ainsi dire, divinisée, du moins en vers, où elle est l'objet d'un cul le poé- tique, où placée sur un piédeslal, elle devient, pour ceux qui la chantent, une sorte de créature à part.

Laure est un être si pur, si céleste, qu'on est allé jusqu'à ne voir en elle qu'une personnilication de la gloire à laquelle Pétrarque avait consacré sa vie, un être dans le genre de la Béatrix, de Dante.

La Renaissance, époque païenne dans une mesure assez large, a presque partout négligé le côlé divin et surnaturel, que nous nommons aujourd'hui idéal. L'amour tel que le compienait Pétrarque y disparaît à peu près. Ronsard tient de son époque; il se conforme à ses mœurs; il aime à la façon d'Ovide et de TibuUe, il le dit lui-même :

Ainsi Tibulle aimait NY'incsis cl Délie.

Ml s'est même moqué de l'amour ])latonique de Pétrarque pour Lauie. C'est en vain qu'il a|)|)plle (léesaes ses maîtresses successives, qu'il veut placer leur ch(!V('lure parmi lesconslellatious ; son anutiir