Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 2il — écho dans les cœurs français. Mîiis l'humble bergère ne pouvait être l'héroïne qui convint à la Muse de Ronsard. Appartenant, par sa famille et le genre de son talent, à la double aristocratie de la naissance et du savoir, il n'écrit que pour la cour et pour les crudits qui, de part et d'autre, pensent bien peu à Jeanne d'Arc. Que peut faire le poëte de plus digne de lui et de ceux qu'il veut chanter, que de recher- cher leur origine lointaine et de dérouler à leurs yeux la chaîne immense, dont le premier anneau est Priam, et le dernier Charles IX ?

Dès le début de la Franciade^ on est tout de suite fixé sur la nature du poëme et sur le but que l'au- teur se propose :

Muse, enten-moy, du soainict de Parnasse, Guide ma langue, et me chante la race Des rois François, issus de Francion.

Virgile, voulant aussi élever, à la gloire de Rome, un monument impérissable, avait dit, afin d'indi- quer que son œuvre s'adressait à la nation entière :

Tantae molis erat Romanam coudere gentem^.

' Ce que Ronsard a traduit ainsi;

Tant il y eust de peine, ains que Francus on France Scniast de tes ayeux la piemière naissance.

16