Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

oor,

de ne l'orilpas connu, ctqnoc'est seulement l'école sentimentale, qui date de Jean- Jacques Rousseau et de Bernardin de Saint-Pierre, qui en a enfin ré- vélé les charmes et fait goûter à Tliumanité le calme et les plaisirs purs des champs. Comme il arrive souvent, il y a là une regrettable confusion, un malentendu qui tient à ce que les mots sont mal déterminés.

Distinguons d'abord la sensation et le sentiment de la nature, qui sont loin d'être identiques:

Il n'est pas besoin d'ètr-e poêle pour ressentir ce que je nommerai la sensation de la nature. Tout homme l'a éprouvée à quelque instant de sa vie ; il ne peut se rencontrer personne qui, à une heure quelconque, n'ait été saisi à la vue des grands spec- tacles delà nature et n'ait été forcé de s'incliner de- vant sa majesté; personne qui ne se soit senti acca- blé et comme anéanti devant elle. Ce que j'appelle la sensation de la nature, c'est l'impression indes- criptible qui s'empare du voyageur s'élevant vers le sommet des montagnes et qui, se voyant perdu, loin de tout être humain, entend le torrent mugir à ses pieds et s'enivie des parfums de la solitude. C'est la terreur religieuse du matelot, que la tem- pête a surpris en pleine mer ; ou encore sa rêverie silencieuse sur le pont du navire, par une nuit éloiiée.La sensation de la nature s'applique aussi à