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— 219 — charme indélînissable d'une sensalion religieuse ; il n'est pas précisément ému et ne prie pas avec le poëte, mais il se sont transporté dans cette humble église, et disposé à rêver de Dieu et du ciel. Rappe- lons également une pièce : A Palestrina, dans les Rayons et les Ombres, où il décrit les impressions du grand musicien : il y a parfaitement compris la religion, telle que l'entendaient le Moyen Age et la Renaissance,

Aussi toujours sou liymnc, en descendant des cieux,

Pénètre dans l'esprit par le côté pieux,

Comme un rayon des nuits par un vitrail d'église.

En écoutant ses chants, que l'âme idéalise.

Il semble à ces accords qui, jusqu'au cœur touchant,

Font sourire le juste et songer le méchant,

Qu'on respire un parium d'encensoirs et de cierges,

Et l'on croit voir passer un de ces anges viei'ges.

Comme en rêvait Giotto, comme Dante en voyait.

Etres sereins, posés sur ce monde inquiet,

A la prunelle bleue, à la robe d'opale, etc.

Mais quand au second genre de poésie religieuse, que nous avons indiqué, nous devons dire que le poêle ne l'a, pour ainsi dire pas connu. Faut-il s'é- lancer dans ces espaces vagues, infinis, où seule la foi nous guide? Faut-il faire abstraction du monde qui nous entoure ; fermer les yeux devant le spec- tacle de la nature ; renoncer à tout souvenir hu-