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-- 181 — un système : on va voir, du reste, qu'à coté Je eelle partie négative, il y en a une autre parfaitement positive, qu'à la pL'ice de l'édifice renversé, un autre est immédiatement reconstruit.

11 y a, dit le poëte dans la préface de Cromicell, trois âges dans le monde : les lemps primitifs, les temps anciens, les lemps modernes. Aux temps pri- mitifs, quand l'homme s'éveille avec le monde qui vient de naître, il chante ce qu'il voit, ce qui l'en- toure; l'ode est sa poésie. Dans les temps anciens, tout s'arrête et se iixe : la religion prend une forme; le dogme vient encadrer le culte ; la société est théocratique; les sociétés, trop heurtées, se gênent et se froissent ; de là, les guerres et les voyages. La poésie reflète ces grands événements ; des idées, elle passe aux choses ; elle enfante Homère; la tra- gédie antique, elle-même, est épique. Ce que chan- taient les rhapsodes, les acteurs le déclament.

Avec le christianisme, une autre ère commence pour la poésie.

L'homme croit qu'il y a deux vies : la religion lui montre la duplicité de son être : il voit qu'il est le point d'intersection, l'anneau commun de deux chaînes d'êtres, la première, partant de la pierre pour arriver à l'homme; la seconde, parlant de l'homme pour arriver à Dieu. D'autre part, boule- versement généi-al de la société, invasion des Bar-