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des luiiiislrcs prolcstnnls , loul en Iraçanl le sien :

Prédicant, mon aniy, je n'ay rioii que la chair; J'ay le Iront renirogné et ma peau mallraitlée Retire à la eouleur d'une âme Achérontée, Si bien que si j'avois ces habits grands et longs, Ces manteaux allongez qui tombent aux talons Et qu'on me vist, au soir, si pâle de visage, On diroit que je suis ministre de village.

On voit, par ces exemples, que Ronsard n'a pas su se servir avec tact de l'ironie ; il n'a pas de finesse dans le trait. L'ironie demande, d'ailleurs, une qualité qui manque à Ronsard : c'est le sang- froid. Il écr^t toujours ses pièces satiriques sous le coup d'une émoi ion trop vive, pour permetli^e au rire franc cl naturel d'y trouver place. Horace, au contraire, est toujours maîlre de lui, el, s'il rit volontiers des vices de riiumanité, c'est que ces vices ne le touchent pas beaucoup.

Dans l'inveclive, dans la satire arrivée à son plus haut degré de violence, Ronsard est assez inégal. Parfois il y est vulgaire; souvent il y atteint les sommets les plus élevés de réloquencc, sui- vant que sa fantaisie du jour est bonne ou mau- vaise. Car Ronsard, qui a tant soi<^né ses Odes et f<QS Hijmvrs, ne polil p.'s beaucoup ses vers dans la