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certaine mesure, qu'il est fatal, c'est-à-dire qu'en étudiant l'époque qui le précède, on peut le prévoir, que ses causes sont déterminées et que sa marche doit être régulière.

La langue française a des finesses charmantes. Le mot de Renaissance convient admirablement à l'idée qu'il exprime, et on eût été beaucoup trop loin en disant résurrection ; l'esprit français ne s'était pas éteint: Villehardouin, Joinville, Guillaume de Lorris, Jean de Meung et Charles d'Orléans sont là pour nous en convaincre ; mais on doit avouer qu'il s'était endormi. On s'était peu à peu éloigné des sources saines; la langue, abandonnée au caprice de chacun, menaçait ruine avant sa formation.

L'unité faisant absolument défaut, les efforts individuels devenaient impuissants, et les auteurs manquant de modèles, se voyaient livrés à leurs propres forces.

Revenir à l'imitation de l'antiquité, la faire d'abord mieux connaître, la proposer ensuite comme modèle et comme règle, tel fut le but constant de cette foule d'érudils, de poëtes, de prosateurs qui seront éternellement l'honneur du seizième siècle.

Quatre causes principales ont contribué, pendant le seizième siècle, au grand travail de la Renaissance