Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/148

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Du tnoniciit que Uonsnrd n ainsi ;iiiol)li ses bei- lîors, il secroil quille envers ses lecleiirs. L'cs:^en- liel, pour lui, c"esl d'enlever h ses pcr.^onnages leur cnraelère elinm|iètre, el de les nieltrc en élat de pouvoii- monter dignenienl Tesealier du Louvre,

C'est, du reste, une erreur assez exeusablc chez le poêle ; car elle est partagée par tous seseonleni- jiorains, Marot, qui a écrit des églogues avant lui, Baïf et Belleau ne savent pas davantage demeurer dans la simplieilé. Tout ce que l'on peut dire, c'est que Ronsard, avec son génie incontestablement su- périeur, aurait pu ne pas suivre aveuglément la voie tracée j^ar eux.

Il comprend aussi la difficulté que lui crée la langue dont il dispose, et s'ingénie de mille façons à la vaincre. Cette langue sonore, dans laquelle il a tenté d'imiter le sublime Pindare, il s'efforce, à [)résent, de la rendie naïve, commettant ainsi une triple erreur; car, d'un côté, l'églogue ne demande pns toujours la naïveté ; de l'autre, la naïveté ne consiste pas dans les mois, mais dans les idées, et enfin celte qualité délicate, presque insaisissable, dispai'aît dès qu'on la cherche. •

La naïveté, si Ton en veut un exemple, c'est cet inappréciable mélange de gravité religieuse et de grâce (Mifaulinc, ;ivec lesquels les jieintres italiens