Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

— \y2 —

Les langues jeunes nianquenlsiutoiil de souplesse: c'est en vain que le poêle a recours à tous les aiiifices imaginabirs pour les j)lier el les assouplir à son liié ; elles demeurent rebelles à ses efforts.

On pourrait, sans Irop d'exagéi-ation, les com- parer à ces étoffes solides, mais grossières, qui ne pourront jamaiss'adapter aux conlours du corps, ni en dessiner liarmonieusemcnt les formes.

En dernier lieu, le génie de Ronsard est peu )roprè à la poésie bucolique; il a, sans doute, (je le montrerai ailleurs), le senlimentdela nature ; mais cela ne suffit pas pour l'églogue. II ne connaît que superficiellemonl cotte existence des pasteurs, dont il vante les cbarmes; il ne s'y inté- resse ])as. Il aime de tout son cœur sonVendômois, ses abbayes, sa chère forêt de Gastine; mais c'est d'un amour tout idéal. Le pittoresque des sites le séduit ; les frais ombrages l'invitent à une douce et mélancolique rêverie ; mais il n'a pas le culte de la campagne pour elle-même. Son génie mfde et fier est, on le sent, plus à l'aise dans l'épopée ou dans l'ode, que dans la pastorale. Francus, Enéc, Ajax sont des compagnons qu'il préfère de beaucoup à Ménalque et à Lycidas.

De plus, certaines idées arislocralicpies viennent conslamnieni si' nirlcr à ses vers.