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La langue dont dispose Ronsard, se prêle égale- ment mal au genre pastoral qui, consistant surtout dans les nuances, dans la délicatesse de l'exécution, dans le contra'^le de la j)errection de la Ibrnie avec la rusticité du sujet, demande, avant tout, une langue formée, arrivée même à son |)liis haut point de perfection, telles qu'étaientcelles qu'employaient Théocrile et Virgile. On ne se représente pas le grec d'Hésiode, le latin d'Ennius servant à la poésie bucolique. Le français de Ronsard est tout à fait dans des conditions analogues, et ne se prèle pas mieux à la pastorale \

Les langues jeunes ont toujours je ne sais quelle càpreté, quel caractère de rudesse qui touche d'assez près à la grossièreté; elles sont impuis- santes à exprimer les nuances; elles disent les choses, non pas trop simplement, mais ti'O}) crûment, de telle sorte qu'il y a parfois dissonance entre la pensée et l'expression. Là où la pensée appellerait un mot fin et délicat, la langue n'en fournit qu'un vulgaire, (|ui choque le lecteur; là, au conliaire, où il en faudrait un énergique, on n'en peut tiouver qu'un ({ui paraît fade et plat.

' N'y aurait-il même pas un curii ux parallèle à faire entre En- nius et Ronsard, qui vont tons deux puiser à la source grecque, grœco fonte, et qui tentent chacun de faire goûter à leurs compa- triotes, encore l)arbarcs, les beautés atliquesï