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sim[)lGs cl le Ion naïf du vieux temps qu'il regrette. Mais qu'on ne s'y trompe pas, celle naïveté appa- rente, celle simplicité recherchée caclient mal une élégance qui se trahit malgré elle, et qui perce, à chaque inslaiit, ces enveloppes rustiques. C'est ce que Virgile fait entendre à merveille par son vers célèhre :

Si caiiimiis silvas, sllva; sint coiisulc (lii;n;o

On veut sans doute en revenir à la nature ; mais on trouve que, telle qu'elle est, la nature est par trop grossière ; la houe des chemins ôle un grand charme aux promenades ; le feuillage des ar.hres a besoin d'élre émondé; les habitants des champs prêtent peu à la poésie. Il est bien permis, après tout, d'idéaliser quelque peu la nature, alin de ne pas trop choquer les élégants visiteurs que l'on se propose d'amener à sa suite. Alors, on latissc les avenues; on coupe l'herbe trop haute ; on habille ces villageois trop rusliijues. Bientôt il se trouve que, par des gradations sucœssives, au lieu d'aban- donner les habitudes de la ville, on les a tout simplement transportées aux cliamps. C'est ainsi que Virgile fait parler Tircis et Corydon sur le ton de Varius et de Pollion, et que Florian donne à ses bergères le costume de madame de Pompadour.