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— 115 — yeux, la plus Icrrililo censure. >j'esl-on pas auto- risé à croire que, tandis qu'il prononçait, en pré- sence d'une assemblée d'élite, l'ennuyeux discours qui est arrivé jusqu'à nous, une indicible tristesse s'emparait de lui, et qu'en voyant Desporles, son émule, se préparer à lui ré|iondrc, il sentait l'envie qui le mordait au cœur? L'hy{)Otlièse est d'autant plus plausible, que Henri III le chargea, une autre fois, de discourir sur l'envie. Qui sait si le mali- cieux Valois ne cherchait pas à s'amuser aux dé- pens de son vieux courtisan?

Que l'on ajoute, à ce sombre tableau, que la mort est venue le frapper dans ses affectionsles plus chères; qu'il a vu successivement tomber du Bellay, Jodelle, Belleau, et l'on comprendra sa tristesse. Feu à peu, il abandonne davantage la cour et revient à son Vendômois, à ses prieuiés de Croix- Val et de Saint- Cosme. Il est bien plus raisonnable d'attribuer sa retraite à de telles causes qu'à celle que Binet essaie de fliire accepter : « Vray est que depuis douze ans, les aoulles fort douloureuses l'a voient tellement assailly qu'il lui étoit presqu'impossible de suivre la court, joinct qu'il n'avoit été onc(|ues, de son naturel, courtisan importun et ne se pouvoit con- traindre aux heures des grands. Voilà pourquoi

celte familière privante ne fust telle que sous

le roi Charles. »