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Quel beau tableau de la situation dv la France il présente dans ce passage :

Le frère factieux s'arme contre son frère,

La sœur contre la sœur, et les cousins germains,

Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains.

Les enfants sans raison disputent de la fov

Et tout à l'abandon va sans ordre et sans loy;

On fait des lieux sacrés une horrible voirie,

Une grange, une étable et une porcherie

Si bien que Dieu n'est seur en sa propre maison ;

Au ciel est renvolée et justice et raison,

Et en leur place, hélas ! règne le brigandage.

On sait que le seizième siècle ne fut pas le temps des discussionsbienveillan (es et des polémiques cour- toises. Vivement attaqués par Ronsard, les calvi- nistes ne se tinrent pas pour bal lus, et lui répon- dirent avec une violence qui dépasse toutes les bor- nes. Ronsard, dans cette polémique, eut à lutter contre trois adversaires qui se cachaient sous les noms de Zamariel, de Montdieu et de F. de la Ba- ronie. L'opinion la plus généralement accréditée est que ces pseudonymes servaient de voiles au ministre Chandieu, à Florent Chrestien et à l'un des meilleurs amis de Ronsard, Jacques Grévin, avec lequel il s'était brouillé. Suivant quelques uns, Zamariel et Montdieu ne feraient qu'un seul, et même personnage. Lammonoye suppose que