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NOTES.

d’y trouver une sorte de cadence toute nouvelle, il se tourne vers un de ses élèves qui l’accompagnait et lui dit :

« Bhâradwâdja ! que cette période composée de quatre portions régulières, renfermant chacune un nombre égal de syllabes, et qui m’a été inspirée par la douleur [शोकः], reçoive, à cause de cela même, la dénomination de [श्लोकः]. »

पादैश्चतुर्भिः संयुक्तमिदं वाक्यं समाक्षरैः ।
शोचतोक्तं मया यस्मात् तस्मात् श्लोको भवत्विति ॥

Cependant Brahmâ apparaît à Vâlmîki, qui, tout plein encore de sa douleur, répétait l’imprécation qui venait de lui échapper. Le dieu en écoute avec ravissement les sons mélodieux et mesurés, et ordonne au saint personnage, devenu poète ainsi tout-à-coup, de composer son Râmâyana dans le mètre qu’il venait d’inventer.

Telle est la manière dont les Indiens racontent l’origine de la poésie parmi eux. Peut-être le lecteur ne sera-t-il pas fâché de rencontrer ici cette petite fable aussi ingénieuse que beaucoup d’autres, et recommandable surtout par sa haute antiquité.