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Huit mortels mois se sont déjà écoulés avec une lenteur désespérante, lorsqu’un jour, à l’époque de la saison des pluies, un nuage orageux s’élève de derrière la montagne où languissoit le malheureux exilé, et, poussé par les vents, prend sa direction vers Alakâ. À cette vue, sa douleur se réveille avec plus de violence, et, ne pouvant plus la contenir dans son sein, il apostrophe le nuage lui-même et lui adresse la parole comme il l’eût fait à un ami compatissant ; et cela par un mouvement bien naturel, remarque le poète : car quel est le malheureux qui, privé de la société d’un être sensible, ne s’adresse au premier objet qu’il rencontre, et ne cherche, en lui confiant ses peines, à soulager sa douleur ?

Il lui fait une offrande de fleurs, cherche à s’attirer sa bienveillance par les plus magnifiques éloges, où la pompe des épithètes n’est pas ménagée, et lui indique la direction qu’il doit tenir pour se rendre à Alakâ ; ensuite il lui fait une légère description des principaux lieux par où il doit passer, des montagnes couvertes de bois touffus et odorans où il pourra s’arrêter, des fleuves propres à renouveler les pertes qu’il auroit essuyées par le souffle des vents, des plaines où il devra au contraire verser une partie des trésors de son sein, pour procurer à leurs aimables

    de cristaux et de pierres précieuses, et qui est censée faire partie de la chaîne d’Himâlaya.