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peut-être créé, et qu’il s’est plu à peupler des êtres les plus gracieux et les plus séduisans.

Un Yakcha[1], esprit céleste du nombre de ceux qui forment la cour de Kouvera[2], et à la garde duquel étoit confié le soin des superbes jardins de cette divinité puissante, y laisse entrer par mégarde l’éléphant d’Indra[3], qui y cause un dommage affreux. Le dieu, dans sa colère, bannit de sa présence le gardien négligent, et le condamne à un exil de douze mois sur une horrible montagne, loin d’une épouse chérie, et privé des plaisirs de toute espèce dont il jouissoit au sein de la voluptueuse Alakâ[4], ville charmante où Kouvera avoit établi son séjour.

  1. Les Yakchas forment une classe de demi-dieux ; ils ont peu d’attributs particuliers, et ils sont regardés seulement comme les compagnons ou serviteurs de Kouvera, le dieu des richesses. Ils ont pour compagnes les Apsaras, ou nymphes célestes, attachées à la cour d’Indra. L’épouse de notre exilé n’étoit probablement qu’une de ces nymphes.
  2. Kouvera, le Plutus indien ; il possède neuf trésors inestimables. Sa capitale est située sur le mont Kailasa, et habitée par les Yakchas, les Kinnaras et autres divinités inférieures.
  3. Indra, dont le pouvoir s’étend particulièrement sur le monde sublunaire, offre plus d’un rapport avec Jupiter tonnant : il est censé avoir pour monture un éléphant énorme connu sous le nom de Eiravata.
  4. Capitale de Kouvera, située, selon la mythologie, sur le Kailasa, montagne fabuleuse, entièrement formée