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POÉSIES
D’ANDRÉ CHÉNIER[1]


LE JEU DE PAUME[2]


À LOUIS DAVID, PEINTRE


I

Reprends ta robe d’or, ceins ton riche bandeau,
Jeune et divine poésie :
Quoique ces temps d’orage éclipsent ton flambeau,
Aux lèvres de David, roi du savant pinceau,
Porte la coupe d’ambroisie.
La patrie, à son art indiquant nos beaux jours,
À confirmé mes antiques discours :


  1. Les deux premières pièces seules ont été publiées du vivant de l’auteur.
  2. Publié en 1791 avec le nom de l’auteur, chez Bleuet, rue Dauphine.

    Voici la lettre d’envoi de l’auteur à M. Le Brun, donnée par M. Gabriel de Chénier :

    « L’auteur de ce poëme, en l’envoyant à M. Le Brun, n’est pas sans quelque inquiétude pour son amour-propre. Il n’est pas assez sûr de lui-même pour se présenter le front levé devant un jugé aussi éclairé, et qui a certes acquis le droit d’être difficile. Il espère cependant qu’il lira cet ouvrage avec quelque bienveillance. M. Le Brun y pourra remarquer, du moins, le désir de bien faire et de se rapprocher un peu de culte belle poésie grecque, que l’auteur a cherché à imiter