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Je veux que sur mon sein et plus qu’à demi nue,
Tu repaisses mes sens d’une si belle vue.
Viens encore opposer à mes brûlants transports
De tes bras envieux la lutte elles efforts,
Ou ton ordre… ou ta douce prière,
Ou du fin ennemi la jalouse barrière ;
Mes bras, plus que les tiens agiles et pressants,
Forceront le rempart de tes bras impuissants.
Mes baisers, sur ta bouche ou timide ou colère,
Repousseront ton ordre ou ta douce prière.
Robe, lin, ces gardiens de tes charmes si beaux.
Sous mes fougueuses mains voleront en lambeaux.
À ma victoire alors tout entière livrée,
Il faudra bien céder à te voir adorée.
Lorsque pour se couvrir, enfin, tous tes appas.
N’auront que mes fureurs et ma bouche et mes bras.



LXXXIV[1]

ÉLÉGIE ITALIENNE


Fin.[2]

 
Allez, mes vers, allez ; je me confie en vous ;
Allez fléchir son cœur, désarmer son courroux ;
Suppliez, gémissez, implorez sa clémence,
Tant qu’elle vous admette enfin à sa présence.

  1. Édition 1833.
  2. C’est-à-dire : pour finir une élégie.