Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LXXI[1]


Él. comm.

Triste chose que l’amour !… pour un moment de plaisir, des siècles de supplices… pourtant ces peines ne sont pas sans plaisir… Ah ! quand cesserai-je d’aimer… ! Oh ! que cette jeune fille que je vois tous les jours est belle Description… Ah ! malheureux ! j’ai beau fuir l’amour comme un esclave fugitif ou comme un taureau qui a secoué le joug, ou comme un cheval qui s’est enfui de l’étable… mais il sait me retrouver, et levant sur moi une branche de myrte dont il me menace en riant, il me donne de nouveaux fers, il soumet ma tête à un nouveau joug, il monte sur moi et me gouverne avec un nouveau frein qu’il rit de me voir mordre…


Mandit sub dentibus aurum…[2]


LXXII[3]


À l’heure où quelque amant inquiet, agité,
Sur sa couche déserte où son amour s’ennuie,
Qu’habitent les désirs et la triste insomnie.
Non sans plaisir, de loin, écoute les doux sons
Du clavier barbaresque aux nocturnes chansons ;
Quand, partout dans Paris, seul, attendant l’aurore.
Dans ses pipeaux d’airain, charge utile et sonore,

  1. Éd. G. de Chénier.
  2. Virgile, Énéide, liv. VII, v. 279.
  3. Éd. G. de Chénier.