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LXIII[1]


Fragm. élég.


Non, ces doctes beautés n’ont plus d’attraits pour moi,
Dont le cœur ne bat plus ni d’amour, ni d’effroi ;
Qui sont faites à tout ; dont le hardi sourire
Entend tout, connaît tout, sait tout ce qu’on veut dire ;
Dont, même en nous trompant, le visage imposteur
Daigne feindre l’amour et jamais la pudeur.


LXIV[2]


El. commenc. Les premiers vers sont d’une jolie chanson de Shakspeare

Measure for measure, acte IV, scène i.


Non, laisse-moi, retiens ces discours caressants,
Ces sourires trompeurs autant que séduisants.
Et ces yeux si divins quand ils font des blessures.
Ces lèvres tant de fois si doucement parjures,
Et ce baiser si doux, mais souvent inhumain.
Sceau d’un amour constant, scellé souvent en vain.
Ce transport aujourd’hui, parle, est-il bien sincère ?
Je doute, je balance et crains quelque mystère.
Que veux-tu ? Quel projet ton cœur a-t-il formé ?
Le mien à ses détours est trop accoutumé,

  1. Édition de G. de Chénier.
  2. Édition de G. de Chénier.