Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle lève la tête, elle voit un témoin ;
Elle crie, elle fuit. Elle était déjà loin.
Dans les champs bienheureux dors et repose en paix ![1]
Ta Clytie était là, pleurante, échevelée ;
Dans ses pleurs, malgré moi, c’est moi qui l’ai troublée.
....................
Je n’ose te verser et le miel et le lait ;
Car votre amour jaloux verrait avec colère,
........une main étrangère
....................
....................
Écrit ces mots :…… « Jeune et belle infortunée.
L’étranger dont l’aspect t’a fait fuir aujourd’hui
À pleuré sur ton sort… Adieu, pardonne-lui. »
Il remonte à pas lents et la tête baissée ;
Il s’éloigne.


LVII[2]


Pour mon élégie nocturne imitée de ce bon Suisse Gessner[3], il faut ceci vers la fin :

Quelle est cette beauté qui descend de la colline les bras tendus vers moi ?… la peindre… mais non, ce n’est que son fantôme que je vois partout dans la nuit… ensuite je vois venir mes amis… énumération comme dans l’original. C’est pour ce morceau que je fais la pièce… Je les vois donc venir. Et avant de les nommer dans l’énumération, je m’interromps : est-ce encore un fantôme ? — Mais non, l’amitié est soude… c’est l’amour qui n’est que songe et

  1. C’est le jeune voyageur qui parle à son tour.
  2. Éd. G. de Chénier.
  3. La Nuit petit poème de Gessner.