Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LI[1]


Je suis en Italie, en Grèce. Ô terres ! mères des arts, favorables aux vertus. Ô beaux-arts ! de ceux qui vous aiment délicieux tourments ! Seul au milieu d’un cercle nombreux, tantôt


De vivantes couleurs une toile enflammée


— s’offre tout à coup à mon esprit.

Raphaël, Jules, Corrége, etc… qui ont porté au plus haut point de perfection cet art divin, mort depuis tels et tels, etc.,


Que, de ces grands pinceaux émule inattendu,
Le pinceau de David à la France a rendu
.....................
.....................
...Ma main veut fixer ces rapides tableaux,
Et frémit et s’élance et vole à ses pinceaux.
Tantôt, m’éblouissant d’une clarté soudaine,
La sainte poésie et m’échauffe et m’entraîne,
Et ma pensée, ardente à quelque grand dessein,
En vers tumultueux bouillonne dans mon sein.
Ou bien dans mon oreille un fils de Polymnie,
À qui Naple enseigna la sublime harmonie,
À laissé pour longtemps un aiguillon vainqueur,
Et son chant retentit ....dans mon cœur.

  1. Revue de Paris, 1839