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Voluptueux n’est pas bon. Il fallait une épithète qui peignit cette palpitation si belle qui soulève un jeune sein. Des lèvres demi-closes ne vaut guère mieux. Malheureusement c’est presque la seule rime. Le second vers me semble heureux à cause de l’haleine attribuée aux palpitations du sein. Le second hémistiche du premier vers fait passer cela, parce qu’en poésie un mot passe à la faveur d’un autre.

Que Lais, sans réserve, abandonne à nos yeux
De ses charmes secrets les contours gracieux.

Toi que je ne nomme point, tu verras bien, si jamais tu me lis, que ce sont tes belles… qui m’ont fait faire ces jolis vers. Que n’ai-je osé écrire ton nom au lieu de celui de Lais : je n’aurais pas été obligé de changer le vers. Malheureusement pour moi, trop de personnes auraient reconnu que j’ai dit vrai et que tu as le plus beau… du monde.

Dopa d’averlo
Fatto natura
Si vayo e bello,
Ruppe il modello
Perch’egli fosse
A’l mondo sol.

De tout cet univers interrogeant la voix,
J’irai de la nature étudier les lois.

Vaut bien, à mon avis, le distique de Properce :

Tujn mihi naturœ libeat perdiscere mores,
Quis deus hanc mundi temperet arte domum :

Peut-être faut-il lire qua Deus ?

Par quelle main sur soi la terre suspendue
Voit mugir autour d’elle Amphitrite étendue.