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LXXVIII[1]

IDYLLE MARITIME[2]


LES NAVIGATEURS


Α. — Enfin nous avons passé dans la nuit le cap de Malea. Les dieux soient loués… J’ai fait un bien long voyage. Avant que nous nous embarquions tous ensemble à Syracuse, j’avais parcouru la côte de Marseille et Tyrrhénie, etc… Certes le monde est grand. Mais voici notre Grèce chérie… Et vous, compagnons, d’où veniez-vous quand nous nous sommes embarqués, ensemble sur ce vaisseau ?

Β. — Moi, j’ai été ici…

Γ. — Moi, là…

Δ. — Moi, j’ai été jusqu’à Tartessus, au delà des colonnes d’Alcide, aux embouchures du Betis… là… là… Ah ! vous n’avez rien vu, vous tous… je brûle de me revoir à Lesbos, ma patrie.

Ε. — Pour moi, je n’ai été qu’à… et je brûle de me revoir à Lesbos… belle mer Egée !… les îles éparses sur tes flots azurés sont comme les étoiles dans la nuit… et toi, Lesbos, la plus belle de toutes…

Ζ. — Et les sommets de Naxos bruyants de bacchanales.

Η. Et Samos, et Junon ?… etc.. et quoi ! ma Délos sera-t-elle la dernière ?… où il y a ceci… cela,


Et cet autel divin, tissu prodigieux
Que fit former Cynthus des rameaux tortueux

  1. Éd. G. de Chénier.
  2. Le poète a mis en tête de cette esquisse : ειδ. ενάλ. (εἰδύλλια ἐνάλια).