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plis de sa robe, et de l’autre, se lave le visage, et attend que l’eau soit calme, se reg-arde, et rit de se voir si jolie.

Une jeune fille de dix-huit ans fait confidence à son amie de son amour pour le frère de son amie, qui n’a que quatorze ans… « Il ne voudra peut-être pas m’aimer… il me trouvera trop vieille… il est beau.., il est blond… il a les yeux si tendres !… L’autre jour, il me regarda en venant te parler :


Je crus sentir mon cœur se fondre et s’écouler
Comme la neige coule au penchant des montagnes
Quand le soleil revient animer nos campagnes. »

Un berger tout jeune encore, vantant sa beauté et la décrivant.

Une jeune fille, travaillant près de sa mère, devient distraite et rêveuse ; laisse tomber sa navette… Sa mère la gronde de ce qu’elle ne travaille pas… elle reprend (le fragment de Sappho)[1].


Quand une femme n’avait été mariée qu’une fois, on avait soin de mettre univirœ sur son tombeau. Cornélie le demande à Paullus, dans Properce. (Livre IX, élég. xi, vers 35.)


La pierre de ma tombe à la race future
Dira qu’un seul hymen délia ma ceinture.

Quelques pensées attendrissantes qui commencent entre deux jeunes vierges et peut-être un jeune garçon, ou plus, ou autrement. Ils trouvent parmi la terre et la mousse une

  1. Voici la traduction de ce fragment de Sapho donnée par M. Becq de Fouquières : « Douce mère, non, je n’ai pas la force de pousser la navette ; le désir de revoir ce jeune homme m’oppresse : je suis au pouvoir d’Aphrodite. »