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une vallée bien solitaire, bien belle, arrosée de brillantes cascades, qui n’ait d’autres habitants que des oiseaux si peu faits à voir des hommes, qu’ils n’en redoutent pas l’approche ; où je puisse croire qu’aucun homme n’a pénétré avant moi ; où je ne reconnaisse, sur le sable, d’autres pas que ceux d’un chamois, qui est venu là se dérober à la poursuite du chasseur ; ou d’un chevreau qui est venu jusque-là en s’égarant loin de sa mère dont les pas l’ont cherché, et les gémissements l’ont appelé long-temps.

Ô cette vallée ! avec ses eaux, ses bois, ses cascades, où je viens l’attendre et la voir chaque jour, je voudrais qu’à moi seul connue, du reste des humains elle fût ignorée. Dès qu’un autre berger, attiré par la fraîcheur et les beautés du lieu, y arrive avec son troupeau, je souffre, je suis jaloux… j’ai peur qu’il ne vienne l’attendre et la voir comme moi.


De jeunes vierges rassemblées dans le Parthénon, travaillant à des ouvrages d’aiguille, et racontant des histoires. L’une, la dernière, chante Alceste en traduisant le beau morceau d’Euripide. Le jeune homme, qui l’a écoutée, entre précipitamment avec le père. Elles se lèvent et rougissent, et il lui dit : — Viens, et sois mon Alceste… car ta voix a chanté… et la douce vertu respire dans tes yeux.


Il faut peindre des jeunes filles marchant vers la statue d’un dieu, tenant d’une main, sur leur tête, une corbeille de fleurs, et de l’autre les pans de leur robe… et d’autres attitudes qu’il faut tirer des marbres, des pierres et des peintures antiques.

Représenter une jeune fille qui soulève sa robe jusqu’aux genoux pour entrer dans l’eau.

Rendre cette peinture de Gessner, d’une fille qui, au bord de l’eau, mollement inclinée, retient d’une main les