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Sa main royale, osant l’arrêter au passage,
Souvent jette des fleurs sur sa tête sauvage,
Descend sur sa poitrine aux longs replis tremblants,
Le flatte, l’applaudit, fait résonner ses flancs.

D’après une autre version, deux interlocuteurs auraient été en scène racontant diverses histoires et entre autres celle de Pasiphaé.

Le premier interlocuteur aurait dit :


Cette île chère aux dieux, mère de Jupiter,
Aux cent belles cités maîtresses de la mer,
Où, pour punir Athène, un épais labyrinthe
Recèle un double monstre eu son obscure enceinte.
Fruit coupable et cruel de perverses amours.
Lorsque (si les Crétois ne mentent point toujours)
Leur reine dans un temple, incestueuse amante,
Demandant un prodige au dieu qui la tourmente,
Veut apprendre à mugir, sûre qu’à cette voix,
Son amant mugissant la suivrait dans les bois,
Sa main royale, osant l’arrêter au passage,
Souvent jette des fleurs sur sa tête sauvage,
Descend sur sa poitrine aux longs replis tremblants,
Le flatte, l’applaudit, fait résonner ses flancs.
Bientôt pour le tromper un savant artifice
Creuse un bois imposteur d’une feinte génisse ;
Elle entre, elle revêt, aussi bien que les yeux.
Les membres, et la force, et le front tortueux.

L’autre interlocuteur répond :

Les Crétois sont menteurs… puis il raconte plusieurs fables intéressantes et finit ainsi : Voilà quelles histoires m’apprennent les Muses.