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Ils tombent, et bientôt ils fermèrent les yeux.
L’Olympe vit monter leurs âmes embrassées,
.... et les plaça parmi les enfants des dieux[1].
Le feuillage poussa des plaintes.....
La lune se couvrit d’un voile de douleurs.
L’aurore pleura leur enfance......
D’une rosée amère elle inonda les fleurs.
La hache sur le dos,........
Le bûcheron s’arrêta pour les contempler.
Il crut voir sommeiller deux enfants de déesse.
Il n’osait faire un pas de peur de les troubler.
Hélas ! ils étaient morts ! Le chien, triste et fidèle,
Léchait leurs pieds glacés et gémissait sans bruit ;
Et le doux rossignol, en agitant son aile,
Avait, sur un rameau, pleuré toute la nuit.


LXI[2]


PASIPHAE AD AMOREM.


Εἰ ποθέειν μ’ ἐδιδάξας ἐν οὔρεσι ταῦρον ἀλήτην,
μυκηθμόν με δίδαξον, ὅπως φίλον ἄνδρα καλέσσω.
Analect., tome III, p. 141, ep. 3.


Cette reine de Crète, incestueuse amante,
Qui demande un prodige au dieu qui la tourmente,
Veut apprendre à mugir, sûre qu’à cette voix
Son amant vagabond la suivrait dans les bois.

  1. Nous soulignons ce qui n’a pas la forme du vers.
  2. Éd. G. de Chénier.