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XLIX[1]


Un jeune berger dira :


Ma muse échevelée, amante des Naïades,
Suit leurs pas sous l’abri des obscures Dryades ;
Et, sa flûte à la main, va de ses doux concerts,
De vallons en vallons, réjouissant les airs.
Tout à coup les vallons, les airs, la grotte sombre.
De joie, à ses concerts, poussent des cris sans nombre,
Car de ses doux accents, de ses vives chansons,
Faunes, nymphes, pasteurs, ont reconnu les sons.
Soudain, de toutes parts, volent à son passage
Les nymphes au front blanc couronné de feuillage,
Le Satyre au pied double, et Faunes et Sylvains,
Et vierges et pasteurs, et tous frappant leurs mains :
« La voilà », disent-ils ; en tumulte ils accourent ;
Ils s’appellent l’un l’autre ; ils la fêtent, l’entourent ;
Se plaignent qu’elle ait pu si longtemps les quitter.
Elle rit ; on la suit pour l’entendre chanter.


L[2]


En commencer une autre ainsi :


Allons, muse rustique, enfant de la nature,
Détache ces cheveux, ceins ton front de verdure.
Va de mon cher de Pange égayer les loisirs.
Rassemble autour de toi tes champêtres plaisirs ;

  1. Éd G. de Chénier.
  2. Ibid.