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De retour à Paris, il ne tarda pas, comme nous venons de le dire, à prendre la parole sur la situation, en publiant, dans les Mémoires de la Société de 1789 (n° 13), l’Avis au peuple français sur ses véritables ennemis, daté de Passy, 24 août 1790. Cet écrit frappa particulièrement le roi Stanislas-Auguste de Pologne, qui envoya une médaille d’or à l’auteur. André Chénier lui répondit, le 18 octobre 1790 (voyez la Correspondance).

Une lettre de M. de Chénier père à sa fille, Mme Latour de Saint-Igest, à la date du 14 décembre, indique la situation des esprits dans la famille Chénier, où le père avec André penchait vers les idées modérées, tandis que Mme de Chénier faisait cause commune avec Marie-Joseph plus hardiment révolutionnaire. La politique, il n’en pouvait guère être autrement dans un moment pareil, envahit la vie d’André. Il publia en brochure, à la date du 3 mai 1791, les Réflexions sur l’esprit de parti. Il se prononça avec énergie contre la fête donnée aux soldats de Châteauvieux, dont son frère Marie-Joseph Chénier était un des promoteurs. Ce fut le premier brandon de discorde au moins publique jeté entre ces deux poètes par les événements. Un débat plus vif eut lieu entre eux l’année suivante, à propos de la Société des Amis de la Constitution ou des Jacobins, attaquée par l’un, défendue par l’autre. C’est à ce moment qu’André se sépara aussi du peintre David qu’il avait chanté autrefois.

Le 10 août 1792 met hors de lutte André Chénier et tous ceux du même parti. André Chénier s’éloigne de Paris ; il va passer quelques jours à Luciennes et à