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XXXV[1]


Toi, de Mopsus ami ! Non loin de Bérécynthe
Certain satyre un jour trouva la flûte sainte
Dont Hyagnis calmait ou rendait furieux
Le cortège énervé de la mère des dieux.
Il appelle aussitôt, du Sangar au Méandre,
Les nymphes de l’Asie, et leur dit de l’entendre ;
Que tout l’art d’Hyagnis n’était que dans ce bui ;
Qu’il a, grâce au destin, des doigts tout comme lui.
On s’assied. Le voilà qui se travaille et sue.
Souffle, agite ses doigts, tord sa lèvre touffue,
Enfle sa joue épaisse, et fait tant qu’à la fin
Le buis résonne et pousse un cri rauque et chagrin.
L’auditoire étonné se lève, non sans rire.
Les éloges railleurs fondent sur le satyre
Qui pleure, et des chiens même, en fuyant vers le bois,
Évite comme il peut les dents et les abois[2].




A.


Tu sais, tu te souviens dans quels nobles combats
Quel animal bourbeux vient défier Pallas[3].


B.


Tu sais, tu te souviens dans quel plaisant délire
Quel animal bruyant chanta contre la lyre ?[4]

  1. Édition 1819.
  2. À ce fragment, M. G. de Chénier a rattaché les fragments qui suivent.
  3. Ὗς ποτ’ Ἀθαναίαν ἔριν ἤρισεν… (Théocr., idyl. V, v. 23.)
  4. Ὄνος πρὸς λύραν.