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Si plus d’un, pour tromper, étale un faux scrupule,
Plus d’un, par les méchants conduit,
N’est que vertueux et crédule.
De l’exemple éloquent laissons germer le fruit.
La vertu vit encore. Il est, il est des âmes
Où la patrie aimée et sans faste et sans bruit
Allume de constantes flammes.


XXI



Par ces sages esprits, forts contre les excès,
Rocs affermis du sein de l’onde,
Raison, fille du temps, tes durables succès
Sur le pouvoir des lois établiront la paix ;
Et vous, usurpateurs du monde,
Rois, colosses d’orgueil, en délices noyés,
Ouvrez les yeux : hâtez-vous. Vous voyez
Quel tourbillon divin de vengeances prochaines
S’avance vers Vous. Croyez-moi,
Prévenez l’ouragan et vos chutes certaines.
Aux nations déguisez mieux vos chaînes ;
Allégez-leur le poids d’un roi.
Effacez de leur sein les livides blessures,
Traces de vos pieds oppresseurs.
Le ciel parle dans leurs murmures.
Si l’aspect d’un bon roi petit adoucir vos mœurs,
Ou si le glaive ami, sauveur de l’esclavage,
Sur vos fronts suspendu, peut éclairer vos cœurs
D’un effroi salutaire et sage,