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en croix, percées sur l’ordre prévoyant de Napoléon Ier ; mais ces routes, comme encore frappées de terreur, ne voyaient guère passer que la diligence de Poitiers à Nantes, et parfois de ces roulottes qui vont de bourg en ville, sous l’escorte de leurs chiens boiteux.

Lirot s’était jeté dans le taillis. M. des Lourdines y entra à son tour. Lentement il s’avançait, ouvrant l’enlacement serré des tiges, au bruissement, sous ses pieds, à l’odeur des feuilles foulées, épaisses et tièdes. Des branches basses lui fouettaient les épaules, et il allait toujours, dans le brûlis des fougères, dans les ronces, le dos ployé, les yeux grands ouverts.

Lirot aboya, appelant son maître.

Celui-ci ne sembla pas l’entendre. Dans l’épaisseur du fourré, arrêté de nouveau, il contemplait, il écoutait…

Chaque fois, sous cette voûte, au sein de ce silence, il commençait par se sentir tout petit ; puis, peu à peu, l’envahissait en face de ces arbres le sentiment d’une mystérieuse solidarité.