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Il l’avait oubliée depuis plus de vingt ans !… cela lui revenait tout d’un coup ! tout d’un coup, dans les tréfonds de sa mémoire, cela se dessinait : la vallée et le vieux logis, les hauts paillets dorés du soleil, de grands champs de colzas fleuris, jaunes, jaunes !… et le violon reprenait :
- Je m’en fus en flûtant,
- leran,
- Je m’en fus en flûtant,
- le long du grand chemin.
Dieu ! comme toutes ces souvenances le remuaient !
… Et à cet air, sur le violon, s’ajoutaient, s’enlaçaient d’autres airs, des airs qui ne lui rappelaient en rien la musique qu’il avait entendue jusqu’à ce jour !
Le vieillard ne s’interrompait pas de jouer. On eût dit que son violon l’entraînait, qu’il n’en était plus le maître. Avec stupeur, Anthime le considérait : était-ce bien là ce petit homme toujours si timide ? Était-ce lui, avec ce visage