Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/282

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aux épaules une peur irraisonnée. Il marcha devant lui, tout droit, en rasant le mur ; et, plus il s’avançait, plus s’accentuait une âcre odeur de moisissure, l’odeur du Petit-Fougeray ! Et tout à coup, figé sur place, il s’arrêta ; il entendait quelque chose… quelque chose venant de là-bas, du fond du corridor où il se rendait… comme un pipeau ?… comme une musette ? Mais est-ce que les bergers font marcher leurs troupeaux pendant les nuits d’hiver et de neige ?… est-ce que ?… Des impressions d’histoires fantastiques lui revinrent de son enfance, il frissonna. Il fit quelques pas, s’arrêta encore, bouleversé : le chant s’élargissait, s’amplifiait ; ce n’était plus un pipeau… mais du violon !… il en était sûr !… Maintenant, il reconnaissait la sonorité particulière des cordes. Il fut saisi d’effroi… Quel violon ?… Bien plutôt, cela se jouait dans sa tête !… oui, il le sentait… dans sa tête ! Il avait une hallucination !… Ces sons lui remplissaient le cerveau, ces sons houlaient sous son crâne, ces sons sortaient de ses oreilles ! Il dut fermer les yeux, car un étourdissement