Page:Châteaubriant, Alphonse de - Monsieur des Lourdines, 1912.djvu/249

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les naseaux rouges, pleins de vent, face à son écurie qu’il encense de la tête.

Anthime regarde ; il voudrait empêcher cette chose, mais, comme dans les rêves, cette chose est plus forte que lui ! Il s’éprouve débile à mourir ! Il aurait beau essayer de crier : il sent que sa voix n’est plus une voix !

Les deux bêtes sont mises l’une près de l’autre ; le marchand les palpe, avec la main leur bouche un œil, puis l’autre… Les bras à l’accoudoir de leurs reins, il discute… les lèvres de son père remuent, Frédéric rentre sa nuque rouge dans ses épaules. Le marchand tape dans la main de son père ; puis, avec de la paille, il tirebouchonne les queues, attache les chevaux à la carriole, l’un derrière l’autre… Il monte, manœuvre la banquette du siège, rit dans ses joues rebondies sur le cache-nez de laine violette ; un grand coup de chapeau, la carriole se met en marche, et derrière, les poméraniens s’ébrouent, la figure muselée de ces larges bridons de serge dont se servent les paysans pour conduire leurs chevaux sur les marchés…