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lui baignaient le cœur d’une pluie douce et tiède. Pour la première fois, il voyait des larmes couler des yeux de son fils. Il ne restait plus en lui trace de colère, tout s’était apaisé, et il se félicitait d’avoir réprimé, au moment où il lui venait sur les lèvres, le reproche sanglant pour le coupable d’avoir tué sa mère.

Lorsque, soudain, découvrant son visage, Anthime voulut se jeter à ses genoux :

« Pardon ! mon père, pardonnez-moi ! »

Il l’arrêta aussitôt :

« Non ! lève-toi, lève-toi !… Je ne veux pas !… pas à genoux ! pas à genoux ! Aussi moi, j’aurais dû, dans le temps… c’est de ma faute !… Nous sommes deux malheureux ! »

Il leva les yeux sur la croix qui, maintenant, dans le crépuscule, s’élevait toute noire vers les grands nuages verts qui s’assombrissaient ; et elle lui apparut si sépulcrale, si menaçante au-dessus de son fils, replié en un tas et noir comme elle, qu’il s’écria : « Viens !… viens !… Anthime !… Allons-nous-en… allons-nous-en ! »

Et il l’entraîna.