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bords, qu’un interminable tableau de l’hiver : des prés, toujours des prés, jaunis, marécageux, enclavés des mêmes arbres de coupe, des mêmes haies monotones ; et à droite, à gauche, dans le fond des traverses, devant leurs placis boueux, de vieilles fermes roussâtres, à la porte desquelles, immanquablement, s’égouttaient des bidons. Tout l’horizon se hérissait d’arbres tors et coudés, des branches fourchues, hersant les bords du ciel, d’un vaste ciel pâle où se boulaient, en des cernes ardoisés, de grands nuages pénétrés de lumière diffuse, vitrifiée, blanche comme l’amiante, Et ces grands nuages, poussés par la brise, très bas, balayaient la campagne.

M. des Lourdines allait toujours sans ralentir son pas. Anthime, un peu en arrière, l’observait :

« Il a joliment la tournure d’un campagnard ! se disait-il, un vrai paysan ! Naturellement !… à force de vivre au Petit-Fougeray ! »

Mais jamais cette particularité ne lui avait sauté aux yeux comme aujourd’hui.