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assorti à son habitat que ne l’était ce petit campagnard à son vieux château. L’un et l’autre sortaient bien du même sol ; ils étaient presque de la même couleur. Cette identité pouvait provenir de ce que la famille des Lourdines naissait et mourait au Petit-Fougeray depuis plusieurs siècles ; famille marquante d’ailleurs, apparentée en bons lieux, et qui avait du bien.

Malheureusement, par la faute de son chef actuel, elle commençait à perdre de sa place au soleil. Solitaire endurci, M. des Lourdines aurait, à la rigueur, consenti à voir les gens, mais il ne voulait pas être vu, de sorte qu’on avait fini par le laisser se pelotonner dans son Fougeray, comme un pigeon dans son boulin. Il y recueillait des joies, dont une des principales consistait à faire fructifier sa terre, non dans un esprit d’intérêt, mais par amour, pour lui faire son bonheur : « On n’a, disait-il, que le plaisir qu’on donne. » À ceux qui lui faisaient grief de ne jamais se montrer à la ville : « Eh oui !… eh oui !… disait-il, je mourrai sans avoir bien connu le visage des hommes ! »