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Et à mesure qu’il attendait, qu’il temporisait, un apaisement s’opérait en lui :

« Comment, se disait-il, aurait-il appris à lire dans une âme comme la mienne, une pauvre âme qui ne sait que se renfermer ? Il ne me connaît pas, je ne le connais pas beaucoup mieux ! C’est de ma faute ; je ne me suis pas efforcé de posséder son âme. C’est qu’aussi cette pauvre Émilie me découragea !… En vérité, il semblait qu’elle n’eût un fils que pour jeter de la poudre aux yeux des autres !… mais je n’aurais pas dû céder… j’aurais dû lutter contre ce faux amour-propre… tenir jusqu’au bout ! »

Il se repentait de n’avoir pas pris son fils par la main, de ne l’avoir pas emmené avec lui dans la campagne, au lieu de le laisser dès son jeune âge s’éprendre de vaines dissipations !

Il lui aurait appris à aimer les animaux, les arbres, il lui aurait dit devant les choses simples de la nature de ces paroles qui sont des semences éternelles.

« Car il n’est pas méchant ! s’affirmait-il à lui-même, il est spontané, généreux… alors ? »