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sur la porte la gouvernante et la nièce, auxquelles était parvenue déjà la nouvelle de leur arrivée. On avait, ni plus ni moins, donné la même nouvelle à Thérèse Panza, femme de Sancho, laquelle, échevelée et demi-nue, traînant par la main Sanchica sa fille, accourut au-devant de son mari. Mais, ne le voyant point paré et attifé comme elle pensait que devait être un gouverneur, elle s’écria : « Eh ! mari, comme vous voilà fait ! il me semble que vous venez à pied, comme un chien, et les pattes enflées. Vous avez plutôt la mine d’un mauvais sujet que d’un gouverneur. — Tais-toi, Thérèse, répondit Sancho. Bien souvent, où il y a des crochets il n’y a pas de lard pendu. Allons à la maison ; là tu entendras des merveilles. J’apporte de l’argent, ce qui est l’essentiel, gagné par mon industrie, et sans préjudice d’autrui. — Apportez de l’argent, mon bon mari, repartit Thérèse, qu’il soit gagné par-ci ou par-là, et, de quelque manière qu’il vous vienne, vous n’aurez pas fait mode nouvelle en ce monde. » Sanchica sauta au cou de son père, et lui demanda s’il apportait