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pagner dans notre exil. Il se mêla parmi les Morisques chassés d’autres pays, car il savait fort bien leur langue ; et, pendant le voyage, il se fit ami des deux oncles qui m’emmenaient avec eux. Mon père, en homme prudent et avisé, n’eut pas plus tôt entendu le premier édit prononçant notre exil, qu’il quitta le pays, et fut nous chercher un asile dans les royaumes étrangers. Il enfouit et cacha sous terre, dans un endroit dont j’ai seule connaissance, beaucoup de pierres précieuses et de perles de grand prix, ainsi qu’une assez forte somme en cruzades et en doublons d’or. Il m’ordonna de ne pas toucher au trésor qu’il laissait, si par hasard on nous déportait avant qu’il fût de retour. Je lui obéis, et passai en Berbérie avec mes oncles et d’autres parents et alliés. L’endroit où nous nous réfugiâmes fut Alger, et c’est comme si nous nous fussions réfugiés dans