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grâce qu’on vous accorde l’autorisation d’imprimer vos livres, ce dont je doute[1], à qui vous pensez les adresser. — Il y a des seigneurs et des grands en Espagne à qui l’on peut en faire hommage, répondit le cousin. — Pas beaucoup, reprit Don Quichotte, non point qu’ils n’en soient dignes, mais parce qu’ils ne veulent point accepter ces dédicaces pour ne pas être tenus à la reconnaissance qui semble due au travail et à la courtoisie de leurs auteurs. Je connais un prince, moi, qui peut remplacer tous les autres, et avec tant d’avantages, que, si j’osais dire de lui tout ce que je pense, j’éveillerais peut-être l’envie dans plus d’un cœur généreux[2]. Mais laissons cela pour un temps plus opportun, et cherchons où nous gîter cette nuit. — Non loin d’ici, dit le cousin, est un

  1. On accordait fort difficilement, du temps de Cervantès, les licences pour publier un livre. Le docteur Aldrete, qui fit imprimer à Rome, en 1606, son savant traité : Origen y principio de la lengua castellana, dit, dans le prologue adressé à Philippe III, qu’on avait alors suspendu en Espagne, pour certaines causes, toutes les licences d’imprimer des livres nouveaux.
  2. Cervantès fait allusion à son protecteur, le comte de Lémos, auquel il dédia la seconde partie du Don Quichotte.