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verras étendu par terre un chevalier errant, qui, à ce que je m’imagine, ne doit pas être trop joyeux, car je l’ai vu se jeter à bas de cheval et se coucher par terre avec quelques marques de chagrin, et quand il est tombé, j’ai entendu résonner ses armes. — Mais où trouvez-vous, reprit Sancho, que ce soit là une aventure ? — Je ne prétends pas dire, reprit Don Quichotte, que ce soit là une aventure complète, mais c’en est le commencement ; car c’est ainsi que commencent les aventures. Mais chut ! écoutons : il me semble qu’il accorde un luth ou une mandoline, et à la manière dont il crache et se nettoie la poitrine, il doit se préparer à chanter quelque chose. — En bonne foi, c’est vrai, repartit Sancho, et ce doit être un chevalier amoureux. — Il n’y a point de chevaliers errants qui ne le soient, reprit Don Quichotte ; mais écoutons-le, et, s’il chante, par le fil de sa voix nous tirerons le peloton de ses pen-