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PROLOGUE.



Lecteur inoccupé, tu me croiras bien, sans exiger de serment, si je te dis que je voudrais que ce livre, comme fils de mon intelligence[1], fût le plus beau, le plus amusant et le plus parfait qui se pût imaginer ; mais, hélas ! je n’ai pu contrevenir aux lois de la nature, qui veut que chaque être engendre son semblable. Ainsi, que pouvait engendrer un esprit stérile et peu cultivé comme le mien, sinon l’histoire d’un fils sec, maigre, jauni, fantasque, plein de pensées étranges et que nul autre n’avait conçues,

  1. Ces mots expliquent, à ce que je crois, le véritable sens du titre l’Ingénieux hidalgo,