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considérable entre ta passion et toi ; les événements t’éclaireront. »

« Allons, dis-je en me relevant avec précipitation, allons ouvrir mon cœur à ma mère, et remettons-nous encore une fois sous ce cher abri. »

Je retourne à mon auberge ordinaire : je cherche une voiture, et, sans m’embarrasser d’équipages, je prends la route de Turin pour me rendre en Espagne par la France ; mais avant, je mets dans un paquet une note de trois cents sequins sur la banque, et la lettre qui suit :


« À ma chère Biondetta.

» Je m’arrache d’auprès de vous, ma chère Biondetta, et ce serait m’arracher à la vie, si l’espoir du plus prompt retour ne consolait mon cœur. Je vais voir ma mère ; animé par votre charmante idée, je triompherai d’elle, et viendrai former avec son aveu une union qui doit faire mon bonheur. Heureux d’avoir rempli mes devoirs avant de me donner tout entier à l’amour, je sacrifierai à vos pieds le reste de ma vie. Vous connaîtrez un Espagnol, ma Biondetta ; vous jugerez d’après sa conduite, que s’il obéit aux devoirs de l’honneur