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avais vu raccommoder. Elle avait devant elle un livre fermé sur le pupitre. Elle prélude et chante à demi-voix en s’accompagnant.

Je démêlai sur-le-champ que ce qu’elle chantait n’était pas une composition arrêtée. En prêtant mieux l’oreille, j’entendis mon nom, celui d’Olympia.

Elle improvisait en prose sur sa prétendue situation, sur celle de sa rivale, qu’elle trouvait bien plus heureuse que la sienne ; enfin, sur les rigueurs que j’avais pour elle, et les soupçons qui occasionnaient une défiance qui m’éloignait de mon bonheur. Elle m’aurait conduit dans la route des grandeurs, de la fortune et des sciences, et j’aurais fait sa félicité. « Hélas ! disait-elle, cela devient impossible. Quand il me connaîtrait pour ce que je suis, mes faibles charmes ne pourraient l’arrêter ; une autre… »

La passion l’emportait, et les larmes semblaient la suffoquer. Elle se lève, va prendre un mouchoir, s’essuie et se rapproché de l’instrument ; elle veut se rasseoir, et, comme si le peu de hauteur du siège l’eût tenue ci-devant dans une attitude trop gênée, elle prend le livre qui était sur son pupitre, le met sur le tabouret, s’assied, et prélude de nouveau.

Je compris bientôt que la seconde scène de mu-